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30 avril 2025
Discours historique en signes - Robert Badinter : l'abolition de la peine de mort
Cette émission « Discours historique en signes », revient sur les célèbres discours de l’histoire, en partenariat avec TIC 44 qui assure la traduction en LSF des discours. Dans cet épisode, retour en 1981, le 17 septembre, jour où Robert Badinter, alors ministre de la Justice, prononce un discours historique à l’Assemblée nationale pour défendre sa proposition de loi visant à abolir la peine de mort. A l’époque, la peine de mort pouvait être décidée par la justice dans le cadre de procès pour crimes graves, comme le meurtre ou la trahison. La peine de mort était réalisée par fusillage ou décapitation. À cette époque, la France est l’un des derniers pays d’Europe à la pratiquer encore (abolition en Suède en 1921, Italie 1947). En France, le débat remonte à la Révolution et s’est renforcé au fil du temps grâce à la mobilisation d’intellectuels comme Victor Hugo, écrivain, et Jean Jaurès, homme politique socialiste, ainsi que des Églises et des associations de défense des droits humains.Lors de sa campagne présidentielle en 1981, le socialiste François Mitterrand a exprimé son opposition à la peine de mort. Une fois élu président, il confie cette mission à son nouveau ministre de la justice, Robert Badinter, avocat renommé pour son engagement contre la peine capitale, ayant défendu des accusés menacés de la peine de mort. L’enjeu est de convaincre des députés encore divisés, y compris à gauche, tout en assumant publiquement une décision impopulaire : en janvier 1981, 63 % des Français se déclaraient favorables à la peine de mort. Partie du discours traduit en LSFEn remettant en question l’efficacité de la peine de mort et sa légitimité morale, Robert Badinter a convaincu une majorité de députés le 18 septembre 1981 : 363 voix pour, 117 contre. Après le vote du Sénat, la loi est promulguée le 9 octobre et publiée au Journal officiel le 10 octobre.Malgré des tentatives de rétablissement portées par la droite et l’extrême droite, l’abolition a été inscrite dans la Constitution en 2007 (or toute modification nécessiterait une révision constitutionnelle difficile à obtenir).Robert Badinter a poursuivi son combat à l’international, militant pour une abolition universelle. Décédé le 9 février 2024 à l’âge de 95 ans, il sera inhumé au Panthéon le 9 octobre 2025, lieu où sont enterrés les grands hommes En 1977, seuls 16 pays avaient aboli la peine de mort. En 2024, 113 pays l’ont totalement supprimée pour tous les crimes. À ces pays s’ajoutent 32 autres qui ne l’appliquent plus : certains la réservent à des cas exceptionnels comme les crimes de guerre, d’autres n’ont procédé à aucune exécution depuis plus de 10 ans, bien que la peine de mort soit encore inscrite dans leur loi. Au total, 145 pays sur les 195 reconnus par l’ONU n’exécutent plus de condamnés à mort.